La chaire (ECDID), pôle SHS du centre de recherche « Systèmes complexes et interactions » de l’ Ecole Centrale Casablanca, a pour objectif d’évaluer le potentiel et le degré d’émergence d’une communauté humaine.
Dans ce cadre est appelée « émergence » l’ensemble « des dynamiques d’intérêt collectif, transformatrices, désirées et auto-construites par les communautés qui les portent, leur apportant un changement qualitatif significatif dans le bien-être, la création de valeur et le mieux-vivre-ensemble » (Rapport Pour un Maroc des Émergences. À la recherche d’une société inclusive et durable, Policy paper, Economia, Les Citoyens, Fondation Friedrich-Ebert, Oxfam, 2020, p. 63).
L’objectif principal de la chaire est de mettre au point un indice qui permettra de classer les communautés étudiées selon 4 catégories (pré-émergentes ; émergentes ; en équilibre après émergence ; en déclin). Cet indice se veut, in fine, un outil pour aider les pouvoirs publics, les institutions privées et le tiers secteur à prendre des décisions au niveau territorial pour accompagner les émergences ou pour instaurer une forme inclusive et durable de développement des communautés concernées.
L’objectif second est l’étude par les sciences humaines et sociales des processus sociaux d’émergence et d’innovation et des rapports entre approches micro-méso-macro pour penser de nouveaux modèles de développement inclusif et durable.
Responsable de la chaire et membre permanent :
- Jean Pierre Llored, Enseignant-chercheur en sciences humaines et sociales, Habilité à diriger des recherches en philosophie et épistémologie et histoire des sciences et des techniques, Coordinateur des sciences humaines et sociales Responsable scientifique de la chaire « Emergences collectives et développement inclusif », Enseignant-chercheur rattaché au département sciences humaines et sociales, Ecole CentraleSupélec, France, Chercheur associé à l’IDHES, ENS Paris-Saclay, France, Deputy editor de la revue Foundations of chemistry (Springer) et rédacteur en chef adjoint pour la philosophie de l’International Journal of Bioethics and the Ethics of Sciences (Eska). Expériences d’enseignement et de recherche dans des universités prestigieuses (Oxford, Cambridge, Bristol (R.U.), Université Libre de Bruxelles, Vrije Universiteit Brussel, Technische Universität Darmstadt en Allemagne, Sorbonne Université, ENS Cachan, Université de Paris) et des écoles d’ingénieurs (Ecole Polytechnique X, Ecole des mines ParisTech, CentraleSupélec, Centrale Nantes, Chimie ParisTech, ESIEE Paris) ainsi qu’à l’Institut Catholique de Paris (M2, Droit de l’IA).
THEMATIQUES DE RECHERCHE
Les thématiques de recherche de la chaire « Emergences Collectives et Développement Inclusif et Durable », ECDID, abordent la question des émergences, définies comme des dynamiques d’intérêt collectif, transformatrices, désirées et auto-construites par les communautés qui les portent, leur apportant un changement qualitatif significatif dans le bien-être, la création de valeur et le mieux-vivre-ensemble. Les thématiques de recherche s’articulent autour de la compréhension de ces émergences, de la quantification du degré et du potentiel d’émergence d’une communauté à un moment donné, et, in fine, de la promotion des actions permettant le développement socio-économique d’autres communautés selon une modalité inclusive et durable. Cette étude implique des collaborations entre sciences humaines et sociales, informatique et mathématiques, et la mobilisation d’actions de terrain. En complément, la chaire développe des études épistémologiques sur les modèles physico-mathématiques et les simulations informatiques utilisés pour comprendre les réussites sociales et entrepreneuriales ainsi que les processus sociaux. Ce faisant, elle intègre des travaux philosophiques portant sur les sciences de la complexité et la transformation numérique de l’espace socio-économique. Enfin, elle a pour vocation de développer des recherches en éthique sur les rapports entre sciences, nouvelles technologies NBIC (en l’occurrence IA et nano- et bio-technologies) et sociétés.
AXES DE RECHERCHE
- Etude des émergences collectives et production d’un indice d’émergence: Cet axe porte sur la question des émergences, définies comme des dynamiques d’intérêt collectif, transformatrices, désirées et auto-construites par les communautés qui les portent, leur apportant un changement qualitatif significatif dans le bien-être, la création de valeur et le mieux-vivre-ensemble.
- Epistémologie de la complexité, de la science des données et des intelligences artificielles : En complément, un deuxième axe de recherche, en épistémologie, sociologie et philosophie des sciences, prend pour objet d’étude les sciences de la complexité elles-mêmes et les façons avec lesquelles les sciences, prises au sens large, relient des descriptions micro, méso et macro pour comprendre un phénomène collectif.
- Risques, éthique et déontologie : sciences-nouvelles technologies NBIC-sociétés-environnement. Ce troisième axe mobilise tous les domaines de l’éthique (éthique appliquée, métaéthique, éthique normative) et l’épistémologie des risques (en particulier l’étude des logiques floues) pour penser les rapports entre les sciences contemporaines, les nouvelles technologies NBIC et les sociétés, tout en incluant une approche durable et environnementale.
Projets de recherche menés par nos membres :
- Indices de transformations sociales et indice d’émergence. La chaire « Emergences Collectives et Développement Inclusif » (chaire ECDI) de la Fondation de l’Ecole Centrale (FECC), en partenariat avec le « Transilience Institute » à Casablanca, étudie les émergences collectives et les modèles de développement socio-économiques en Afrique. Dans ce cadre, les émergences sont définies comme « des dynamiques d’intérêt collectif, transformatrices, désirées et auto-construites par les communautés qui les portent, leur apportant un changement qualitatif significatif dans le bien-être, la création de valeur et le mieux-vivre-ensemble » (Rapport Pour un Maroc des Emergences. A la recherche d’une société inclusive et durable, Policy paper, Economia, 2020, p. 63). Ces dynamiques ne sont pas pilotées par l’État (même si parfois l’État les encourage) mais leur initiation peut être accompagnée et soutenue par des catalyseurs étrangers à la communauté. Nous choisissons de parler d’émergence que lorsque les processus mis en jeu et leurs effets s’inscrivent dans une durée longue et croissent avec le temps et que l’essentiel de la gouvernance et de « l’énergie de changement » est interne à la communauté qui l’a initiée. Bien entendu, l’émergence comme objet d’étude ne saurait faire l’économie d’une prise en compte globale des différents niveaux (macro-méso-micro), dimensions et facteurs qui expliquent les processus émergents et les caractérisent comme autant de configurations systémiques, dynamiques et non linéaires. La thèse doctorale que nous souhaitons proposer, à partir de la rentrée académique 2024, porterait sur la mise au point d’un indice d’émergence (conception mathématique, calibrage, adaptation et validation du modèle à partir de travaux sur le terrain) en vue de mesurer le potentiel et le degré d’émergence de communautés humaines. L’objectif des travaux dans lequel s’inscrit ce projet de fin d’étude est de produire un indice qui pourrait permettre de créer des « heat maps » (territoires fortement émergents, en pré-émergence, en déclin) en vue de participer à la mise en place d’un nouveau modèle de développement socio-économiques et d’actions locales de transformation des territoires. Le travail prendra pour point de départ le modèle d’indice en cours d’élaboration proposé par Mr Ahmed Banabadji (Transilience Institute) et les travaux menés lors d’un projet scientifique par des élèves-ingénieurs de deuxième année à Centrale Casablanca sur les aspects mathématiques de ce modèle encadrés par Mr Jean-Pierre Llored (FECC). Il s’agira de reprendre et de continuer le travail d’élaboration mathématique et de le valider à partir d’études menées sur différents territoires au Maroc (vallée de l’Ourika, vallée des Ait Boumez dans le Moyen Atlas, vallée du Paradis dans la région d’Agadir, vallée de Skoura). Les mesures effectuées sur ces territoires permettront de tester le modèle, de le compléter et d’adapter les critères et la grille d’évaluation en vue de valider une première version, plus fine, du modèle ; version qui sera, dans un deuxième temps, tester dans un ou plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Le projet vise la conception d’un indice d’émergence (partie mathématique), l’évaluation et l’adaptation de cet indice sur le terrain, et de participer à des évaluations de facteurs d’émergence et de changement pour lesquels elle/il aura une formation complémentaire mobilisant les sciences humaines et sociales et les sciences de l’entreprise. Cette étude s’appuiera sur une étude systématique, inédite au niveau international, des indices qui permettent de mesurer des états et des processus sociaux en vue de comprendre les types de mathématiques impliqués dans ces indices pour en faire une utilisation pertinente lors de la création du nouvel indice d’émergence. Le projet sera encadré par l’Ecole Centrale Casablanca, Transilience Institute avec la participation, de collègues de mathématiques, informatique et data sciences de l’Ecole Centrale Casablanca et de collègues économistes ou sociologues de l’UMR partenaire auquel sont rattachés, du fait d’une convention signée entre l’Ecole Centrale Casablanca et l’Ecole Centrale Supélec, les enseignants-chercheurs en SHS de l’Ecole Centrale Casablanca, à savoir de l’IDHES de l’ENS Paris-Saclay, et des collègues sociologues du département SHS de l’Ecole Centrale Supélec.
- Création de la chaire « Emergences collectives et développement inclusif » au Bénin (septembre 2023-septembre 2025) en partenariat avec Sèmè-City et le professeur Thierry Dalmeida. L’objectif de ce projet est de déployer la méthodologie mise au point par l’École Centrale Casablanca, en l’adaptant au contexte béninois, afin d’identifier des situations d’émergence potentielle et d’accompagner les communautés sujettes à cette émergence dans leur processus de développement. Le programme est défini en 4 phases. Phase 1 : Cartographie de l’écosystème d’émergences potentielles et de développement solidaire : Identification des associations locales (une vingtaine d’associations). Enquête pour cibler les associations pertinentes pour le projet. Dépouillement des résultats de l’enquête et rédaction d’un rapport intermédiaire. Réalisation de deux séminaires au profit des associations sélectionnées, sur l’émergence et sur la notion des systèmes sociaux complexes. Identification, avec les associations, des communautés cibles (trois associations associées chacune à une communauté). Phase 2 : Analyse du potentiel d‘émergence des communautés ciblées : Adaptation, au contexte béninois, du questionnaire de caractérisation du potentiel d‘émergence. Réalisation d’enquêtes « terrain » auprès des communautés. Traitement des résultats des enquêtes et catégorisation des communautés, selon la grille « potentiel d’émergence ». Identification des communautés à accompagner associées à un projet de développement spécifique. Phase 3 : Accompagnement pour la mise en œuvre des projets : Proposition d’un plan d’action pour l’accompagnement des projets de développement des communautés, à lancer avec les associations locales et selon une méthodologie maitrisée. Définition du programme de recherche de la chaire, sur la base du contexte local et des données « terrain » collectées lors de la phase 2. Proposition de programmes de formation au profit des associations, des leaders des communautés, des décideurs politiques et des acteurs administratifs. Phase 4 : Rapport de synthèse des travaux et lancement de la chaire : Rédaction du rapport final relatant les différentes étapes et conclusions du projet. Lancement des travaux de la chaire et installation de son comité scientifique sur la base des résultats du projet et de la feuille de route recherche.
- Les intelligences artificielles et le renouveau des pratiques industrielles et médicales : épistémologie et éthique. Les intelligences artificielles produisent un savoir qui n’est pas facilement interprétable, compréhensible et explicable. Une thèse doctorale sera proposée dans ce domaine pour comprendre la nature du savoir créé par les différents types d’algorithme, leurs alliances possibles à des modèles computationnels et à des simulations, et pour faire face aux questions éthiques que ces dispositifs numériques posent. La thèse prendra pour objets d’étude les applications des IA à la digitalisation de l’entreprise et à l’agriculture 2.0, à l’étude de la Covid-19 et à la médecine personnalisée comme support prioritaire. Direction, par Jean-Pierre Llored, de deux numéros spéciaux, l’un dédié aux « Low-techs », l’autre à l’ingénierie de la santé, dans le cadre de l’International Journal of Bioethics and the Ethics of Sciences (Eska), période mai 2023-décembre 2024).
- Projet Bas Carbone: Ce projet est le fruit d’une collaboration entre l’Ecole Centrale Nantes et le pôle SHS de l’Ecole Centrale Casablanca. Il s’agit d’une formation proposée pour les étudiants doctorants du GEM (Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique), unité mixte de recherche (Ecole Centrale Nantes-CNRS). La partie SHS mobilise l’expertise développée par la chaire SHS de Centrale Casablanca.
NOM Prénom | Fonctions |
ROZIERE Emmanuel | Professeur, responsable UTR DURPRO, Directeur du développement durable à Centrale Nantes |
LOUKILI Ahmed | Professeur, Directeur du GeM |
LLORED Jean-Pierre | Enseignant-chercheur, HDR, Centrale Casablanca, rattaché au département SHS de Centrale Saclay |
GRONDIN Frédéric | Professeur, Directeur de l’Ecole Doctorale Sciences de l’Ingénierie et des Systèmes (SIS), Ecole Centrale de Nantes |
… | Enseignants-chercheurs et chercheurs impliqués dans la construction du cours (en particulier les directeurs de thèse) |
- Le projet part de l’hypothèse qu’une bonne compréhension des enjeux de la transition bas carbone est nécessaire pour une action individuelle et collective efficace. Il s’inscrit principalement dans l’axe « Sensibiliser et former » du Plan de transition bas carbone du CNRS, sur ses deux volets :
- Partager un socle commun de connaissances sur le développement durable et ses enjeux : création d’un cours « Développement durable et éthique » pour les doctorants (obligatoire) et l’ensemble du personnel (participation volontaire).
- Intégrer la dimension développement durable aux parcours métiers et managériaux, en visant principalement le métier de chercheur via la sensibilisation des doctorants. Une mobilisation sur les six autres axes sera ainsi favorisée, notamment grâce à l’appropriation des enjeux, des concepts et des outils de la transition bas-carbone, avec des actions aussi bien sur les impacts directs des activités que sur les thématiques de recherche.
- Le développement durable souffre, jusqu’à maintenant, de l’éparpillement, à la fois, de ses objectifs (voir Agenda 2030) et de ses modèles (bioéconomie, écologie industrielle, économie environnementale, économie circulaire, bio-physico-mathématiques…) qui forment comme autant de mondes multiples et hétérogènes, enclins à s’ignorer. En outre, la notion de développement durable ne peut se contenter de poursuivre la conciliation entre l’environnement et le développement dans le cadre d’un système productif qui demeurerait inchangé. Cette notion appelle une approche globale du système productif et de nos connaissances, et de leurs nécessaires transformations pour faire face aux enjeux technologiques, scientifiques, écologiques, sociaux, politiques, économiques, épistémologiques et anthropologiques de notre époque.
- Dans ce but, nous proposons de créer une formation d’enseignement par la recherche s’adressant aux doctorants du GeM. Cette formation sera ouverte également à leurs encadrants, aux chercheurs, enseignants-chercheurs et ingénieurs de recherche qui souhaiteront y participer. Il s’agit de structurer la recherche autour d’un projet de formation innovant, par et pour l’interdisciplinarité, et visant explicitement la dimension sociétale et environnementale du développement durable. Pour ce faire, cette formation vise à relier des connaissances, méthodes et questionnements issus des sciences humaines et sociales (en l’occurrence l’histoire des sciences et des techniques, l’éthique et l’épistémologie) et de la recherche en génie civil et mécanique. Il s’agit de développer une réflexion interrogeant la sphère de pertinence de ces modèles, méthodes et explications, tout en identifiant leurs impensés. À l’issue de ce cours, l’étudiant.e doctorant.e devra être capable de :
- Discerner les différents objectifs et modèles subsumés sous la notion de développement durable afin d’en comprendre les origines socio-historiques, les présupposés idéologiques et scientifiques, les enjeux, les atouts et les limites.
- Resituer son travail de thèse dans le cadre du développement durable préalablement éclairci.
- Analyser et synthétiser un rapport scientifique en lien avec les ODD (ex : rapport du GIEC, norme ISO) en incluant un point de vue éthique.
- Déterminer les composantes clés d’une approche transverse du développement durable.
- Valider la fiabilité des données d’un modèle complexe en prenant du recul par rapports aux hypothèses, aux échelles de description, aux données qu’il mobilise, aux résultats qu’il génère ainsi qu’à leur interprétation (distinction causalité/corrélation, possibilité d’articulation de modèles multi-échelles, utilisation d’approches multi-agents, problèmes d’explicabilité liés à certains algorithmes d’IA, atouts et limites actuelles de l’ACV, erreurs de biais et d’inférence logique…)
- Quantifier l’impact sociétal et environnemental de leur thèse.
- Valoriser le travail au sein du GeM en matière d’enjeux sociaux-économiques et environnementaux
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